1/100, F/5.0, ISO 200
J’ai rêvé que je planais au-dessus de l’océan, ou plutôt, que je faisais de grands bonds sur l’eau en frappant cette dernière de mes mains, à une vitesse folle. J’ai rêvé dans un rêve flou, ou tout ce qui m’entourait était flou, comme si je n’avais plus mes verres de contact ou mes lunettes, ou comme si je vivais dans un lentille d’appareil photo jamais au focus. Je rencontrais un homme et je lui disais: « bonjour, personnage de mon rêve. » Celui-ci, étrangement, était insulté par cette façon de lui adresser la parole, comme si les gens peuplant nos rêves avaient horreur qu’on les démasque, comme si une fois vus pour ce qu’ils sont réellement, ils se retrouvaient sans emploi, vide de sens et de raison d’être.
Hier j’ai photographié un bébé d’un mois et demi. Un petit être tout nu, si vulnérable et nouveau. Sa tête est encore vierge de souvenirs et d’expériences, il avait les grands yeux ouverts comme deux grands lacs bleus où personne ne s’est jamais baigné ou n’a jamais pêché. On était tous aspirés au beau milieu de ce petit matin blanc et rose, attentif à ses moindres mouvements et expressions, un présent vivant sans arrêt renouvelé. Un petit corps qui bouge sans cesse, comme pour s’ajuster, s’accorder, s’acclimater à ce nouveau monde qu’il ne connait pas. L’ébauche d’un homme qui éventuellement aura ses propres rêves, ses peurs, ses opinions, ses aspirations, et qui probablement comme nous tous, n’arrêtera jamais de penser à hier ou demain. Installé tous autour de lui pour mettre en scène une crèche des temps moderne, sa nudité nous dénudait instantanément, on le contemplait, oubliant pour quelques instant qui nous pensions être et qui nous pensions que les autres étaient.
Respirer.
Wow! Vraiment touchant cet ode à la vie et à l’innocence. J’aime le lien subtil que tu fais entre l’impression du rêve et celui, pourtant si vivant, de la présence hypnotisante d’un enfant.